Cette semaine je vous emmène découvrir le carnaval de Santiago de Los Caballeros, plus communément appelée « Santiago ».
La ville de Santiago est la deuxième du pays après Santo Domingo (la capitale) et se trouve dans la région du Cibao.
Avec une superficie de 612 km2, elle compte aujourd’hui plus d’1,2 millions d’habitants.
Fondée en 1495 par Christophe Colomb lors de son second voyage sur les rives de la rivière Yaque par 30 gentilshommes, (d’où son nom « de los caballeros »), elle fût détruite par deux tremblements de terre, en 1506 et 1562.
Santiago a eu une importance stratégique durant la Guerre d’Indépendance de 1844 et fût même désignée comme capitale du pays durant la guerre de Restauration (1863-1865).
En 1795 Paz de Basilea céda la partie espagnole à la France, et c’est à partir de cette date que se construit le centre moderne de la ville.
L’on retrouve les traces du néoclassicime européen entre autres dans l’architecture du Palais Consistorial construit en 1895, mais le véritable emblème de la ville, c’est le Monument aux Héros de la Restauracion, construit en 1944 en haut d’une colline dominant la ville. Il mesure 67 mètres et est entièrement fait de marbre.
Aujourd’hui, Santiago est un important centre financier et économique de la République dominicaine avec l’une des plus grandes zones franches du pays mais aussi et surtout l’exploitation de l’ambre bleu, la fabrication de ses excellents cigares, et son carnaval, qui est avec celui de La Vega et de Santo Domingo l’un des plus importants du pays.
Il se célèbre tous les dimanches du mois de février, le dernier rassemblant dans une interminable parade toutes les « comparsas » sélectionnées pour défiler au grand carnaval de Santo Domingo qui a lieu le dimanche suivant.
Roba La Gallina |
Le personnage principal du carnaval est le « diablo cojuelo » (diable boîteux), qui prend à Santiago le nom de « lechón » (cochon de lait).
Dablo Cojuelo |
Chaque « comparsa » (équipe) à ses propres couleurs, et les déguisements sont préparés à la main durant des mois. Les vêtements du lechón sont multicolores, amples, décorés de petits miroirs, grelots, et il porte une grosse ceinture en forme de « longaniza » (grosse saucisse).
Lechón Pepine |
Le Lechón danse en se balançant sur un pied et l’autre d’un air menaçant, il saute et frappe le sol avec son fouet en le faisant claquer en l’air comme un coup de feu, alors que dans son autre main il tient une vessie de vache gonflée et séchée au soleil qui lui sert de matraque. C’est à l’aide de celle-ci qu’il ouvre la marche de chaque comparse et fraie le chemin entre la foule, frappant parfois au passage plus ou moins sèchement les fesses du public.
Le masque du lechón de Santiago est caractéristique : alors que dans le passé il prenait la forme d’une têtede cochon, il s’est peu a peu transformé et ressemble aujourd’hui à un bec de canard qui n’a pourtant rien à voir avec le personnage de Donald. La tête est surmontée de deux cornes de taureau imposantes et amplement décorées. Les masques sont réalisés en papier mâché et décorés de cônes de plastique, et de plus en plus ornés de symboles du pays ou autres, . Il existe deux types de masques de lechones, la careta (masque) Joyera et la careta Pepines.
L’histoire de la distinction entre ces deux types de masques pour un même personnage est interessante : elle résulte de la rivalité entre deux quartiers populaires de Santiago, La Joya et Los Pepines et précède même l’histoire de son carnaval. Les deux bandes s’affrontaient régulièrement pour l’eau du fleuve Yaque, alors que sa distribution n’était pas encore généralisée.
Lechón Joyero |
Les masques « Pepines » sont lisses, alors que ceux des « Joyeros » portent de petits cônes inversés.
Aujourd’hui les cornes des masques sont le prétexte à de magnifiques décorations fantaisistes et toujours plus créatives que vous pourrez découvrir notamment dans le petit mais passionant musée folklorique Don Tomas Morel, au centre de la ville.
Musée du Carnaval de Santiago |
Je vous recommande très vivement la visite (gratuite !) de ce musée où vous pourrez admirer de près les superbes masques, depuis les plus traditionnels jusqu’à ceux primés durant les précedents carnavals.
Vous pourrez également y voir les costumes des lechones, ainsi que ceux des autres personnages emblématiques de cette fête passionnante : La « Roba la gallina » (la voleuse de poule), rôle généralement tenu par un homme déguisé en grosse et pulpeuse femme aux attributs exagérés, portant une ombrelle et excessivement maquillée.
« El Munñeco » |
Dans la parade du carnaval vous pourrez également voir des personnages clés comme « Se me Muere Rebecca » (Rebecca se meurt) symbolisant la critique sociale d’un système de santé inaccessible aux pauvres : une femme pauvre faisant la quête en tenant la poupée de sa fille Rebecca qui se meurt,
« Los Indios » |
Vous verrez également « La Mort » (portant généralement un costume de cadavre), « Nicolás Den- Den » qui selon la légende représente l’ours d’un cirque qui était venu à Santiago, son entraîneur et l’ours étant restés dans la ville, profitant du carnaval pour divertir la foule.
El « Muñeco » ; un homme en portant un autre sur son dos, des indiens, et encore une multitude de personnages issus de l’histoire du pays, de traditions anciennes et empruntées à de nombreuses légendes, avec des costumes faits de matières recyclées et toujours plus créatifs.
Aujourd’hui le carnaval de Santiago (de los caballeros) est davantage organisé et la parade sécurisée parcourt la ville pour terminer au bas du Monument aux Héros de la Restauration, d’où vous pourrez contempler une très belle vue panoramique de la Ville.
C’est vraiment un évènement à ne pas rater et en vous y prenant à l’avance, vous devriez arriver à trouver un hôtel pour vous loger.
Monuments aux Héros de la Restauration |
Masque de Lechón Pepino |
Masque de lechón Joyero |
Masque de Lechón Joyero |