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Rép. Dominicaine : L’amour de la Bachata

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La bachata, patrimoine culturel de la République Dominicaine !

A la fin de leur séjour en République Dominicaine, les personnes me demandent souvent de leur faire une liste des meilleures chansons de bachata. Pas de doute, si vous êtes venus découvrir le pays, vous avez très certainement été conquis par la bachata, cette musique mélancolique et lancinante que vous avez entendu -presque- 24 heures sur 24, à tous les coins de rues, dans tous les colmados, dans les bars, les discothèques, les billards, dans les guaguas… enfin, partout… tout le temps.

Au début on aime bien, c’est mélodieux, entraînant, sensuel, puis arrive la saturation… Forcément, on n’a pas encore l’oreille, et on a rapidement l’impression que tous les morceaux se ressemblent. Et puis c’est vrai que l’on entend souvent les 5 même tubes du moment tourner en boucle jour et nuit. Littéralement, il arrive que dans le village le DJ aille se coucher en laissant le dernier morceau tourner en boucle dans la discothèque ouverte sur l’extérieur, inondant une grosse partie de Las Galeras de ses baffles ; l’été dernier j’ai entendu à plusieurs reprises le tube de Frank Reyes « Devuelveme mi libertad » tourner jusqu’à 9 heures du matin !… je le haïssais à MORT.  

Et pourtant… arrive la phase 3… le deuxième effet kiss-kool… l’after-effect… si vous arrivez à dépasser le deuxième stade, si vous commencez à vous intéresser un peu plus aux voix, aux textes, à la danse et à tout ce qui va autour de la bachata, alors peut-être que comme moi vous en deviendrez fanatique.

Déjà en 2012 je vous en parlais sur mon blog, la bachata provoque en moi un sentiment profond que j’ai du mal à décrire, probablement mon côté fleur bleue-gnagnan que je cache si bien ?!

Car oui, je l’avoue fièrement, j’écoute de la bachata -presque- en boucle depuis 2002, année de ma découverte de Las Galeras et oui, cette même bachata se trouve dans mes playlists éclectiques aux côtés de Mozart, The White Stripes, Mr Bungle, Faith No More, Ravi Shankhar, Saint Saëns… et même les Eagles of Death Metal. Et je les aime tous autant !  
Bien sûr, vous avez forcément entendu le tube « Obession » du groupe Aventura sorti en 2002 que l’on entend parfois encore pendant le quart d’heure latino des discothèques françaises ou dans les tout-inclus. Si vous avez creusé un peu, vous connaissez Romeo Santos, le Julio Iglesias de ces 20 dernières années qui provoque hystérie collective féminine à chaque apparition. De Miami jusqu’à Buenos-Aires, les filles en sont folles (et les hommes adorent qu’elles en soient folles, c’est l’occasion de les faire danser !). Romeo Santos est aujourd’hui LA star de la bachata.

De père portoricain et de mère dominicaine, compositeur et interprète du groupe Aventura, qu’il quitte en 2011 pour continuer sa carrière tout aussi glorieuse en solo. Costumes serrés, moustache, gourmettes en or et lunettes de soleil assorties, le look bachata est terriblement ringard à nos yeux, aussi faut-il le prendre avec un peu de recul.

Un peu d’histoire de la Bachata

Mais la bachata, ce ne sont pas seulement quelques tubes et un déhanchement sensuel, la bachata autrefois dépréciée, se dansait en cachette, la bachata a un vrai rôle social, la bachata est présente partout, tout le temps, elle est la culture dominicaine et elle en modèle l’esprit. 

Au départ, c’était une musique populaire (au sens « rural ») que l’on jouait principalement dans les campagnes, lors de fêtes, le dimanche en famille ou entre amis, et en buvant, bien évidemment. Il faut comprendre que la bachata, fait véritablement partie de la culture dominicaine et du patrimoine de la République Dominicaine. 
Autrefois considérée comme vulgaire et de seconde classe, -elle naît effet dans les années 20 dans les bars et les bordels de Santo Domingo-, elle est à l’époque et pendant longtemps considérée comme un mélange « batard » de boléro, merengue et de son cubain. Le terme bachatero (qui désignait le joueur de bachata) était d’ailleurs péjoratif. La bachata n’a commencé à être plus répandue que dans les années 60 avec celui qu’on appelle « Le père de la bachata », José Manuel Calderón, mais ce n’est qu’à partir des années 90 qu’elle acquiert ses lettres de noblesse avec le maître du merengue dominicain : Juan Luis Guerra

A l’instar du tango, la bachata est une musique romantique, nostalgique, sentimentale dont les thèmes récurrents sont l’amour envers les femmes, la jalousie, l’infidélité, les regrets, la conquête, l’alcool, et où peu à peu les thèmes se modernisent et abordent la drogue, la délinquance, la violence, les mères adolescentes… entre autres.  

Une musique sentimentale

Le groupe Aventura à même traité dans un de ses derniers tubes l’homosexualité, ce qui dans un pays profondément « machiste » est une évolution assez significative. La bachata s’inspire donc bien de la vie réelle et modèle peu à peu à son tour les moeurs. Prenant conscience de l’influence de la musique sur les jeunes, les chanteurs de bachata s’engagent de plus en plus pour répandre des messages de conscientisation.
Ainsi, la bachata contraste totalement du reggaeton et du dembow, violemment sexistes, prônant souvent la drogue, la délinquance ou la violence et à quelques exceptions près comme Monchi et Alexandra, les chanteurs sont masculins. 
 
Musique romantique « con sentimiento » dit-on ici, c’est une musique dont on écoute les paroles, et je peux vous assurer qu’ici en République Dominicaine, il n’y a pas un dominicain qui ne connaisse toutes les paroles par coeur. 
Les chanteurs les plus connu ont chacun leur motto… « Joe Veras, el hombre de tu vida« , « Sentimiento mi amor » qu’ils glissent souvent dans leurs chansons à la manière des chanteurs de reggae et les titres sont plus évocateurs les uns que les autres « Vuelve Con Tu Papá » (reviens avec ton amour), « Moriré Bebiendo » (je mourrai en buvant), « La Quiero Y Es Ajena » (je l’aime mais elle est étrangère), « Tu Eres Mi Hembra » (tu es ma femelle), « Me Dejó Por Otro » (elle m’a quitté pour un autre)…
 
Enfin pour finir, la bachata, personnellement je l’aime telle qu’elle se danse ici en république Dominicaine, dans le cru du terroir et non pas dans les cours de danse « en ville » où elle s’apparente plutôt à une mise en scène, un concours de figures, chorégraphies exagerées et poses qui me font penser au patinage sur glace de jeux olympiques (sourires Colgate et costumes à paillettes compris).

Bon, désolée pour les pratiquants professionnels que je respecte totalement, mais je trouve dommage que ce soit pour ainsi dire la seule forme de bachata qui arrive jusqu’à nos yeux de gringos, en effet, si vous cherchez des vidéos de bachata, vous ne trouverez presque exclusivement que des vidéos tournées par des écoles de danse (le plus souvent étrangères), de concours, de démonstrations… mais rien qui ressemble à la bachata locale, la vraie de vraie, celle que l’on danse dans les rues, dans les cuisines du restaurant, sur la terrasse du colmado (épicerie locale), dans les discothèques « du bled », à croire que cela ne viendrait pas à l’esprit d’un dominicain de filmer quelque chose qui lui paraisse si naturel. Pour cela, il faudra venir sur place !

 

Écoutez la bachata dominicaine

La bachata, j’en suis folle, je l’aime tellement que je n’ai pas réussi à écrire cet article sans danser sur les morceaux que je vous ai fait partager.  Allez, j’y retourne et je vous laisse avec une petite playlist assez représentative de l’évolution de la bachata avec quelques uns de mes morceaux préférés.

En suivant ces liens vous rebondirez sur tous les grands tubes et classiques de la bachata.
Montez le son et surtout, détachez votre regard des vidéos qui font saigner les yeux toujours kitchissimes, ringardes aux looks des années 80, même si d’ici quelque temps elles feront peut-être fureur !!!  

Les meilleurs chanteurs et groupes de Bachata

Jose Manuel Calderón – Borracho de Amor (1961)
Mix de bachatas des années 70 – 80
Luis Vargas – La borraré (1990)Antony Santos – Por mi timidez (1993)Antony Santos – Me enamore (1993)Raulín Rodríguez – Que Dolor (1993)
Frank Reyes – LLorro (1994)
Teodoro Reyes – Morire bebiendo (1994)Raulin Rodriguez – Medicina De Amor (1994)
Chicho Severino – Ya pague (1998)Monchy & Alexandra – Hoja en blanco (1999)
Antony Santos – Voy pa’llá (1999)
Monchy & Alexandra – Tu sin mi, yo sin ti (2004)Zacarias Ferreira – La Avispa (2005)Romeo Santos – Promise (2011)
Romeo Santos, Anthony Santos, Luis Vargas & Raulin Rodriguez – El Debate (2011)Prince Roy – La carretera (2016)  

Si vous voulez apprendre l’espagnol de La République Dominicaine, il n’y a pas meilleur moyen que de regarder les vidéos qui ont toujours une version avec les paroles.

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