Boire le maté en argenine avec ses amis

RENCONTRES RÉELLES, AMIS VIRTUELS (II)

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Croyez-vous aux relations virtuelles ?

Que ce soit en amour comme en amitié, les relations à distance sont vite compliquées. Loin des yeux, loin du cœur comme on dit, et même si autrefois on pouvait maintenir des relations épistolaires avec un amour, un ami un.e « correspondant », le nombre d’interlocuteurs restait très réduit. Avec les réseaux sociaux, au fil de ses rencontres, un voyageur sociable peut vite se retrouver avec 2, 3, voire 4 000 amis « virtuels« .

Les liens d’amitié que l’on tisse en voyage sont-ils éphémères ?

Deux mois après mon retour à Paris-Plage, que reste-t-il de mon voyage ?
Certains souvenirs restent inoubliables et frais comme le vent patagonien, d’autres commencent à s’embrouiller, la brume opère peu à peu, comme un rêve qu’on essaye de rattraper comme l’on peut au réveil. Heureusement mes écrits et mes photos restent là, heureusement -attention on va entendre hurler- FACEBOOK est là pour retrouver au fil des jours les têtes de celles et ceux qui ont rythmé mon parcours. 
Une époque fantastique moi je dis ! 
 

Alain le cycliste couché

Ce week-end, cloîtrée chez moi, je travaillais sur mon « projet » (chuuuut c’est encore secret) et je repensais à ce « fou » que j’avais croisé à San Agustín del Valle Fértil dans la province de San Juan en Argentine… il m’avait raconté qu’il allait parcourir 50 000 km avec son vélo couché, il était parti depuis presque deux ans de Jallais, dans son Pays de Loire profond, et comptait rejoindre Ushuaïa en Patagonie… il n’était plus très loin du but.
 
Alain Gourichon, 50 000 km du Canada à Ushuaïa en 2 ans
Hier j’ai enfin retrouvé ce gars, Alain, il m’avait dit qu’il avait un blog et je n’ai pas trop eu de mal à retrouver sa trace. Eh bien il les a bien parcourus ses 50 000 km… et il est arrivé à bon port en mars 2012 ! Incroyable parcours de ce cycliste (un peu flemmard quand même, puisqu’il est couché à longueur de journée sur son vélo…) qui a traversé le Canada, l’Alaska, Les Etats-Unis, le Mexique, l’Amérique Centrale puis celle du Sud pour arriver « au bout du monde » sur cette terre australe que Florent Pagny à fait découvrir à la France dans les années 80.
 

Shino la poupée japonnaise

Et puis Shino, cette Japonaise de 21 ans, petite par la taille (et un visage de poupée) mais immense par la volonté, avec qui j’avais échangé quelques mots un matin dans notre dortoir vide de 8 lits à Salta en Argentine. Grande voyageuse qui m’avait arraché quelques larmes d’émotion (versées en cachette) et avec qui j’ai enfin eu le temps de correspondre, via notre grand Annuaire Mondial des Visages.
 
Shino, 21 ans, 34 pays parcourus en 10 mois
J’ai enfin pu lui redemander son itinéraire ; étudiante en économie au Japon, elle avait décidé de partir pour 10 mois autour du monde. Trente-quatre pays traversés dont elle exhibait fièrement les drapeaux qu’elle cousait les uns après les autres sur son petit sac à dos. Trente-quatre pays et pas des moindres : Thaïlande, Vietnam, Laos, Cambodge, Inde, Turquie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Iraq, Grèce, Bulgarie, Serbie, Bosnie Herzégovine, Monténégro, Roumanie, Croatie, Slovaquie, République Tchèque, Hongrie, Autriche, Slovénie, Argentine, Uruguay, Paraguay, Chili, Pérou, Bolivie, Mexique, parcourus seule, avec son anglais balbutiant… j’étais scotchée, je devais partir prendre mon bus et je n’avais eu le temps que de lui demander si c’était dur : elle m’avait répondu de sa petite voix « yes, sometimes, sometimes very hard ». Je l’avais félicitée, m’étais inclinée comme ils le font chez eux en baissant la tête, je suis partie en essayant de ne pas lui tourner le dos, et je suis allée dans la salle de bain me passer un coup d’eau sur le visage, je n’en revenais pas. Aujourd’hui je peux discuter avec Shino, lui poser toutes les questions qui m’ont traversé l’esprit pendant les 6 mois suivants où il m’arrivait de repenser à elle en me demandant où elle était, ce qu’elle faisait.
 

Des rencontres éphémères, émouvantes et marquantes

 
Au fil des jours je retrouve ces gens que j’ai croisés, ne serait-ce qu’une demi-heure. 
 
Sebastian Pastrana, natif de Quilmes en Argentine
Aujourd’hui je peux suivre l’actualité de Sebastian, ce natif indigène qui essaye de sensibiliser les touristes au terrible destin des habitants de Quilmes en Argentine et à la protection de leur culture, je peux voir la petite famille de Juan et Sol grandir au Pacha Cuty, havre de paix à Amaicha del Valle, échanger quelques mots avec Than mon guide de Bac Ha au Nord du Vietnam, suivre les figures des kite-surfers du club de Mui Né, faire un clin d’oeil et féliciter Alex pour sa nouvelle balade écrite à Bali, imaginer que je vais refaire une plongée avec Phil à Gili Air, et qui sait, trinquer un jour de nouveau avec l’une ou l’autre de ces rencontres dans le monde réel ?!
 
En un autre temps (il n’y a pas si longtemps) nous n’aurions pas échangé nos noms, nos coordonnées ; la correspondance à l’époque j’adorais cela, mais quand on voyage 8 mois d’affilée, au bout d’un moment ça fait quand même pas mal de lettres à poster pour les vœux de fin d’année… 
 

Et si c’était pour la vie ?

Alors en 2012 aux quatre coins de la terre, lorsqu’on a le sentiment qu’on veut garder le contact avec une personne rencontrée, le code presque universel est « are you on Facebook ? » (même au Vietnam où la connexion au site est officiellement et mystérieusement impossible) quelques minutes, heures ou jours après, un nouveau maillon est ajouté à cette chaîne de « l’amitié », même passagère, même superficielle, mais avec le mérite de pouvoir se suivre du coin de l’œil, ou d’échanger avec ses compagnons de route à toute heure du jour ou de la nuit, sans pour autant s’écrire 4 pages.
 
La semaine dernière j’ai envoyé un petit mot à Hung, l’un des jeunes de l’équipe de l’Hotel Jade de Hué au Vietnam, et comme si l’on se connaissait depuis des lustres, il s’est plié en quatre pour trouver une chambre à un ami que je lui ai recommandé… vendredi j’ai aidé Paul en Angleterre par webcam interposée à choisir quelle chemise il porterait avec la cravate à pois et la veste noire retro pour un mariage le lendemain, j’ai discuté en live et montré mon appartement à mon cousin à Buenos-Aires, j’ai échangé quelques mots avec Marcelo du fin fond de sa Patagonie, j’ai appris que Paula était à quelques minutes d’accoucher à Samana et j’ai pu la féliciter instantanément, j’ai demandé Pachi en mariage pour rigoler (et il a répondu à côté), et puis j’ai aussi échangé avec mes amis français partis en vacances…
 
Ah, Facebook ! Quand j’étais petite je rêvais de pouvoir me télétransporter ; le jour où internet est arrivé je me suis dit que le don d’ubiquité était à porté de clavier… en 2012, je passe le week-end chez moi et partout à la fois !
 

4 réflexions sur “RENCONTRES RÉELLES, AMIS VIRTUELS (II)”

  1. Out of the muck and madness of the internet, you have managed to find the beauty and magic that this small box has the potential for. I can feel your how your fingers dance upon those keys and the excitement of what you share.
    Bisou. Juju

  2. Oh c'est beau de te lire d ici sur Facebook (apparemment c est devenu légal, car je me connect sans problème) la bise d Hanoï.Arnaud

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