Dix jours.…
Plus que dix jours avant le grand saut, avant de partir réaliser mon rêve de plus de 10 ans : m’installer dans le petit village de pêcheurs nommé Las Galeras*, tout au bout de la baie de Samaná en République Dominicaine.
Comment suis-je tombée amoureuse de Las Galeras ?
Loin des immenses complexes hôteliers de Punta Cana, la baie de Samaná forme un un écrin de pure beauté, intacte ou presque.
C’est la deuxième plus grande cocoteraie du monde, et c’est là que j’ai choisi de m’installer pour une durée indéterminée.
Je vais vous expliquer pourquoi.
une peine de cœur qui débouche sur un coup de foudre…
Lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois à Las Galeras en novembre 2003, je sortais d’une peine de cœur dont je pensais ne pas arriver à me remettre avant longtemps.
C’est une amie qui m’a proposé de partir deux semaines avec elle dans cet hôtel « tout inclus » où je pourrai me reposer et profiter d’un paysage soi-disant paradisiaque. Elle n’y serait en fait que quelques jours mais avait dégoté une offre défiant toute concurrence : 650 € les deux semaines vol compris en hôtel tout inclus 3*, une aubaine. Aujourd’hui les prix ont évidemment augmenté, mais l’on trouve parfois de bonnes affaires, alors je vous invite à regarder ici.
Le paradis, ça se mérite !
A l’époque l’on atterrissait encore à Puerto Plata au nord-ouest de l’île, et là, un bus nous attendait pour nous emmener jusqu’au bout de la baie de Samaná. Je me souviens que dans le bus les touristes râlaient, car après les 10 heures de vol que l’on venait de faire, ils découvraient qu’il fallait encore se coller 5 heures de route et de coups de klaxon pour atteindre notre destination. Je me souviens aussi que l’accompagnateur annonçait « calmez-vous, c’est un peu long, mais le paradis, ça se mérite, et vous ne le regretterez pas« .
Depuis, une belle route relie le village à l’aéroport de Santo-Domingo en 3 heures et un aéroport à même été construit à quelques kilomètres de Samaná. Pour plus de détails consultez mon article « comment aller jusqu’à Las Galeras ».
Un hôtel tout-inclus
Je n’ai pas toujours baroudé. Même si dans l’âme c’est ce que je préférais faire, l’idée de me retrouver dans le luxe d’un hôtel avec une immense chambre, un immense lit, une salle de bain avec baignoire et une vue de rêve sur les cocotiers et la mer (pour le prix d’une location dans le sud de la France), de pouvoir manger et goûter tous les cocktails possibles et imaginables sans ne plus débourser un sou… m’allait très bien, et particulièrement dans ces circonstances. On a parfois juste besoin de se (re)poser, ne pas réfléchir, se laisser couler.
Découvrir le bien-être total
Je me souviens que nous sommes arrivés de nuit ; ce n’est que le lendemain matin que je découvrais la beauté incroyable de la baie. Ce voyage a été pour moi une « expérience ».
Mon amie étant partie la plus grosse partie du séjour, je me retrouvais seule et découvrais pour la première fois le sentiment de plénitude que l’on pouvait ressentir sans avoir besoin de quoi ou qui que ce soit. Loin de chercher la compagnie, je la fuyais discrètement, repoussais gentiment les invitations du groupe de français qui grossissait chaque jour à la même table et savourais pendant des heures le temps qui passait en regardant la mer, tout simplement.
Mon esprit se vidait, sensation étrange… plutôt que de tourner ma tristesse en boucle, j’étais dans un état contemplatif, béat et rien d’autre que la beauté du paysage ne venait perturber mon esprit ; je ressentais une paix intérieure jusque là insoupçonnée. Le soir je rentrais dans mon immense chambre, allumais des bougies, de l’encens, et me plongeais dans un bain qui venait encore cicatriser ma blessure… puis je me couchais avec ce profond sentiment de bien-être.
Pour l’une des rares fois de ma vie, je passais mes journées à lire. Confortablement installée dans un hamac accroché à un cocotier, ne relevant la tête que pour laisser mon esprit ou mon corps plonger dans le bleu turquoise de cette eau tiède et douce.
Ma découverte du village de Las Galeras
Un après-midi je m’étais aventurée « hors des balises » de l’hôtel en partant à pied par la plage jusqu’au village.
Je n’avais pas réalisé que l’hôtel ne se trouvait qu’à 5 minutes de marche du village par le bord de mer !
J’avais entendu dire des touristes qu’ils étaient allés faire quelques achats de souvenirs au village en taxi et en avais conclu que nous étions au milieu de nulle part.
En réalité, la route avait été construite en zig-zag, contournant le village et dissuadant volontairement (ou non) les touristes de sortir de l’hôtel. Ceux-là ne l’avaient pas su non plus ; on les avait probablement poussés à prendre un taxi, une façon malgré tout de faire marcher l’économie du village…
A l’aventure hors de l’hôtel
J’avais la sensation d’avoir fait le mur. Je voyais bien qu’il y avait « une autre vie » hors de l’enclos aseptisé de notre hôtel.
Pendant ma balade dans l’unique rue du village, qui n’était autre que la route qui venait de Samaná, j’avais remarqué un salon de coiffure minuscule. J’étais entrée demander les tarifs qui s’étaient révélés dérisoires.
Presque plus par curiosité que par besoin, j’avais décidé de laisser le sort de mes cheveux entre les mains de la coiffeuse. Visiblement, elle était aussi amusée que moi de cette rencontre et probablement aussi de mon esprit apparemment téméraire.
Se faire couper les cheveux chez une coiffeuse locale
La jeune-fille était sortie du salon puis était revenue quelques minutes plus tard avec un seau d’eau tiède à la main, afin de me laver les cheveux dans la bassine qui se trouvait derrière ma tête. Pendant qu’elle me coupait les cheveux j’entendais les motos passer à l’extérieur, les gens passer en discutant devant le salon, bref, tout simplement la vie locale suivait son cours alors que pour moi ce moment était hors du commun.
Et même si quelqu’un entrait dans le salon et me regardait un peu étonné d’y voir une « blanche », nous échangions un sourire et je m’amusais intérieurement à imaginer qu’un jour je ne fasse plus tâche (blanche) dans ce décor.
Totalement séduite par ma nouvelle coupe, je m’étais laissée tenter par une pédicure. Cela devait faire près d’une heure et demie que j’étais là (alors qu’à Paris la coupe-brushing aurait duré 20mn au plus). La nuit était tombée et ma coiffeuse me servait le 3ème petit verre de mama-juana tout en terminant de me vernir les orteils. Nous avions parlé de tout et de rien, nous avions échangé sur nos modes de vies avec la curiosité de deux étrangères qui se découvrent. Je réalisais subitement que mon amie devait être de retour à l’hôtel et qu’elle m’attendait pour dîner. Je repartais à toute allure sur le moto-concho que Kika, ma nouvelle copine avait arrêté pour moi.
Les effluves de la nuit
J’avais le sourire au lèvres et les cheveux au vent, fière et impatiente de raconter mon escapade aventureuse à mon amie. Je n’oublierai jamais le parfum de la nature qui exhalait sur le chemin du retour dans la moiteur de la nuit. Sans casque, à l’arrière de la moto qui roulait doucement, j’emplissais mes poumons à bloc de cet air aux effluves de chanvre (la nuit certaines plantes locales embaument l’air d’un parfum proche de celui de la marijuana fraîche), je fermais les yeux en me tenant au porte bagages pour ne pas toucher mon conducteur, j’étais gonflée à bloc… enivrée, envoûtée.
En arrivant à l’hôtel je trouvais mon amie attablée, un peu préoccupée et m’empressais de lui raconter mon aventure, des étoiles dans les yeux, comme si j’avais fait une folie. Le salon de coiffure est devenu par la suite mon passage obligé, Kika et moi sommes devenues au fil des années de grandes amies, elle était « ma copine » de Las Galeras.
Playa Rincón La Grande aventure hors de l’hôtel
Un autre jour, bravant les recommandations des guides de l’hôtel qui vendaient leurs excursions de groupe, je partais au village tôt le matin pour trouver un moto-concho qui m’emmènerait à 45mn de là, par une petite route de terre rouge aujourd’hui goudronnée pour voir la fameuse et idyllique Playa Rincón.
Une plage totalement vierge qui forme une anse de 5km de long bordée d’une immense cocoteraie…, une autre fois nous sommes parties voir les baleines, puis le parc national Los Haïtises, site préservé qui a hébergé les premiers habitants de l’île, les Taínos.
La région ne manquait pas d’options d’excursions à faire, de plages à voir.
Je me souviens aussi qu’à la fin du séjour j’avais l’impression de connaître tous les cocotiers qui m’entouraient comme si je les avais plantés. J’avais observé chaque mètre de côte, je m’étais gavée du bleu de la mer et du ciel, du vert de la nature luxuriante, des palmes de chaque cocotier qui bruissaient doucement au gré du vent, du blanc de chaque grain de sable d’une finesse jamais égalée.
Chaque jour qui passait me le disait plus fort : « c’est là« .
C’était LÀ que je me sentais bien, que j’avais envie d’être, avec, -à cette étape de ma vie- un sentiment de plénitude et de paix qui était plus fort qu’ailleurs. Ce sentiment n’a fait que se renforcer au fil des années et des méandres de la vie, de MA vie.
Mon cœur et ma tête ont flanché pour Las Galeras
Le départ de Las Galeras fut difficile.
Les retours de vacances sont toujours difficiles, mais cette fois-ci il y avait quelque chose de différent.
Je n’étais pas tombée amoureuse d’une personne,
j’étais tombée amoureuse d’un lieu,
avec la même puissance qu’on peut le ressentir pour un être vivant.
J’avais fait connaissance avec quelques dominicains de l’hôtel, qui me reconnaissaient d’année en année, j’avais l’impression de quitter une petite famille, alors que l’on ne se connaissait pour ainsi dire pas.
De retour à Paris, je me souviens être sortie chez des amis dès le premier soir. Ils ne m’ont pas reconnue. J’étais bronzée, j’étais gonflée à bloc, mon deuil était fait et j’étais tombée amoureuse de Las Galeras.
J’y suis retournée encore et encore.
Trois années plus tard j’y ai même déposé quelques cendres de mon père au pied d’un cocotier et d’un flamboyant qui ont poussé côte à côte. J’y étais encore retournée pour faire un deuil.
A chaque fois c’était le même effet : par une sorte de magie quasi mystique, je revenais comme lavée, purifiée et à chaque fois, mes attaches avec ce lieu et les et les personnes que j’y rencontrais devenaient plus forts, jusqu’à devenir une nécessité.
J’ai par la suite rencontré de nombreuses personnes qui avaient ressenti le même coup de cœur, chacun cherchant à interpréter l’origine de cet amour parfois irraisonné.
Mais l’amour, parfois ne s’explique pas. Il se ressent, comme un coup de foudre… comme disent les anglophones : « Love at first sight » (l’amour au premier regard)
***
*On dit que le village s’appelle Las Galeras du fait que ses habitants ont vu les galères de Christophe Colomb passer au large, en réalité, deux galères y ont été construites au 16ème siècle, lui donnant son nom actuel.
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Très sympa ton blog et ttes mes félicitations pour la richesse de tes contenus et photos. Dis moi, aurais-tu un adresse mail pour te contacter?
Merci
Sylvie
Bonjour Sylvie,
Merci pour votre agréable commentaire.
Vous pouvez me contacter par email : olympia.dubischar at hotmail.fr
A bientôt,
Hola,
Beau récit. C'est vraie que Las Galeras est attachant un beau petit village sympa.
LM
Hola,
2003 –> 2015 ça a du changer Las galeras?
Bonjour RD ,
Eh bien… Las Galeras n'a pas tellement changé en 12 ans, et c'en est presque étonnant.
Les petits magasins vont et viennent, les « vieux de la vieille » sont en place, quelques routes environnantes ont été asphaltées… pour le reste, on est contents que le village n'ait pas perdu son âme, même si on ne peut que lui souhaiter le développement économique dont tout le monde rêve…
Mais je n'en dit pas beaucoup plus, mon prochain article le fera plus en détails et aventures… stay tunned et merci de votre fidélité !
Olympia
C'est là que j'aurais aimé aller pendant mon séjour en Rép Dom ! La prochaine fois ! En plus dans quelques semaines XL Airways ouvre la ligne Paris-Samana. Sait-tu pourquoi il y a tant de Français qui vivent dans cette zone ? Une raison historique ?
Bonjour « Maman Voyage » et merci pour ton commentaire. il y a beaucoup de français dans la zone parce que nous avons bon goût ! 😉
Plus sérieusement, cela fait très longtemps que des français sont installés ici dans la péninsule de Samana, je te conseille vivement le très bon petit livre « Brève histoire de Samana » de Bernard Vega.
Il y a aussi une communauté importante italienne à Las Galeras.
A bientôt !
Ce coin a l'air magnifique… je ne le connais malheureusement pas, mais c'est pas l'envie qui manque!
Merci! Ton partage est très intéressant
Ce coin « perdu » (pas pour tout le monde) me rappelle avec nostalgie ce que fut la Polynésie avant qu'elle change dans le mauvais sens.
Je comprend que vous soyez tombée amoureuse de cet endroit que j'aimerai bien découvrir et qui sait y vivre.
Avec des cendres déposées de votre papa vous ne pouvez plus en repartir, ce lieux est désormais le votre, celui de votre ADN.
Affectueusement,
Christopher
La vache, quelle beauté ! Les photos sont parfaites.
Merci pour votre commentaire Christopher. Les projets de développement dans cette région sont multiples, heureusement peu voient le jour et on espère que les autorités ne se laissent pas gagner par l'appât de l'argent facile mais le respect de la nature et de ses habitants. Les touristes voudraient qu'il garde son visage d'antan, les autochtones voudraient vivre dans la modernité, et entre les deux, on marche sur une corde fragile…
À bientôt si vous décidez de franchir le pas, ne serait-ce que « pour voir » !
Merci Madeleine !
J'espère que mes recits et photos vous ont donne envie de découvrir ce paradis.
À bientôt peut-être…
merci Olympia pour nous faire découvrir ton paradis tes photos . Ton récit ma filet des frissons.Je suis vraiment content d'être tomber sur ton blog car nous partons dans 15 jours a las galéras sans vraiment avoir d'idée de comment sa pouvait être il me tarde déjà encore mille mercis
m'en voila rassure et super content de découvrir se village
Bonjour 😊, j’arrive vraiment très tard mais je tenez à vous remercier car je suis née à samana et toute ma famille est issue de ce magnifique coin de paradis. J’ai quitté le pays à l’âge de 12 pour rejoindre ma mère en France. Aujourd’hui je suis devenue j’ai 25 ans. Et même la France est encrée en moi je n’oublierais jamais d’où je viens. Et ça fait plaisir de savoir que les touristes et autres personnes comme vous apprécient cette petite île au point de vouloir y vivre. Bon continuation à tous et prenez soin de vous.
Bonjour Olympia,
Habitez-vous toujours Las Galeras? Mon mari, mon fils et moi attendons de vendre notre maison pour faire le saut. Nous venons de revenir d’un voyage en Rep Dom et nous n’avons pas eu le temps de visiter Las Galeras mais j’ai le ressentit que cet endroit correspond à beaucoup de nos critères.
Cordialement
Danny