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C’est à Bali, en Indonésie que je poursuis mes aventures, mon voyage autour du monde…
5h10, j’ouvre les yeux, les oiseaux ont commencé à chanter, j’entends un chat cracher, probablement sur l’écureuil qui vient toutes les nuits grignoter ses amandes sauvages sur la petite table de mon balcon, me laissant quelques copeaux et les noyaux des amandes en guise d’offrande… je me rendors, il est trop tôt. 6h10, mon réveil sonne. Il doit bien y avoir une explication au fait que depuis près de 8 mois je me réveille naturellement et sans le moindre effort aux aurores. Aujourd’hui j’avais mis le réveil par précaution car on vient me chercher à 7h pour prendre le bateau vers l’île de GILI AIR, où je compte passer la dernière quinzaine de jours de ce Tour du Monde. Une île minuscule dont on fait le tour par la plage en une heure et demie. Moins de 1000 habitants, pas de véhicules à moteur, juste quelques vélos et des carrioles en bois tirées par de tous petits chevaux qui portent grelots et œillères, le Bréhat de l’Indonésie en quelque sorte…
Comme pour chaque étape de ce voyage, je suis convaincue d’avoir fait le bon choix, cette dernière halte me permettra de me reposer et de profiter de cette paix inestimable avant de retrouver Paris et mon appartement minuscule où le soleil n’entre jamais.
Le jour s’est maintenant levé, et dans le ciel bleu quelques nuages oranges, roses à rougeâtres éclairés par le soleil qui est en train d’apparaître. Tout est calme et pourtant je ne suis pas la seule à être déjà debout. Ici comme dans la majorité des pays que j’ai visités, les gens vivent au rythme du soleil. Evitant au maximum les endroits les plus touristiques, j’ai rarement trouvé un endroit ouvert passé 22 heures, les bars et restaurants fermant au plus tard vers minuit étant destinés
aux touristes et inabordables pour les locaux. J’aperçois enfin et pour la première fois aussi distinctement le somment du volcan Batur que je guettais depuis mon arrivée. Le temps m’aura fait ce cadeau d’au revoir en me dévoilant clairement les deux cimes que quelques nuages viennent lécher comme pour mieux les mettre en relief. Le propriétaire a pris le soin de remplir mon thermos d’eau chaude la veille et de me laisser une part de pastèque et de melon que je déguste avec mon café balinais. Mais le chauffeur est déjà là et il faut partir.
Nous prenons la direction de Monkey Forest, et là encore je reçois la récompense de mon départ matinal ; les familles de macaques qui la journée sautent de branche en branche ou viennent quémander (voire voler) quelque banane ou autre friandise que les touristes leur apportent sont assis là, sur le bord de la route par petits groupes, profitant des derniers instants de tranquillité pour terminer les restes fouinés dans les poubelles ou pour s’épouiller. Nous arrivons à la hauteur de l’école d’Ubud. Les enfants en uniformes roses et violets arrivent petit à petit, la plupart accompagnés par leurs papas en scooter. La scène est pleine de tendresse et c’est parfois toute la famille qui est sur l’engin à moteur : le plus petit debout sur le repose-pied, les bras posés sur le tableau de bord, (la veille j’ai même vu un enfant qui dormait parfaitement calé pendant que son père conduisait !) le père au volant, le plus grand au milieu et la maman à l’arrière. Certaines femmes s’assoient même en amazone, cette position leur donnant une classe hors pair.
Hommes et garçons portent souvent le sarong, leur udeng (ce turban serré par un petit nœud en éventail sur le front) et une petite fleur calée derrière l’oreille. C’est signe de leur passage au Temple -ce qui est le cas 15 jours par mois- ils garderont cet habit toute la journée pour témoigner de leur foi. Nous traversons de superbes paysages de rizières et toutes ces portes superbement ornées que je pensais être des temples le jour de mon arrivée et que je reconnais maintenant, tout simplement » les « family compound », les maisons de famille composées de plusieurs petits temples destinés aux différents usages, au milieu de frangipaniers et autres fleurs colorées donnant aux lieux un aspect si paisible et paradisiaque.
Après plus d’une heure de route le long des villages, croisant tous ces gens à moto, vélo ou voiture, nous arrivons au port pour prendre le « speed boat ». Un bateau muni de 5 moteurs de 250 chevaux pour effectuer la traversée en une heure : j’ai bien fait de ne pas m’installer sur le toit du bateau, à cette vitesse il aurait fallu s’accrocher ferme et ne plus bouger sous peine de m’envoler comme une mouche !
Sur le bateau je fais connaissance avec cet indonésien qui me dit qu’il rêve de voir tomber la neige et qui demande l’effet que fait de la toucher. Je dois soudainement retenir une larme qui était sur le point de sortir de mon œil. La gorge nouée, je cherche pendant de longues secondes quoi lui répondre, je suis émue de cette question si naïve et pleine de poésie, je ne trouve pas les mots pour lui décrire cette impression, et finalement me souviens de ces enfants que j’avais vu se régaler de glaces-maison en Thaïlande : un gros bloc de glace que l’on râpe puis que l’on recouvre de sirop, et lui explique que ces petits copeaux de glace pourraient faire le même effet au toucher…
Deuxième arrêt de notre bateau, Gili Air, je me dépêche de descendre (il faut escalader et contourner le bateau avec mes trois sacs à dos, me tenant par une petite barre et marchant sur le rebord de 10 cm de large). Je suis l’une des seules touristes à descendre du bateau, la grande majorité ayant pour destination l’île de Trawalgan, où bars, discothèques et « Bloody Fresh Magic Mushroom Shakes » les attendent. « Gilli T » ou « the Party Island comme on la surnomme n’est qu’à 7km de Gili Air et pourtant aux antipodes de sa deuxième sœur.
Ici c’est le calme absolu, il n’y a rien à faire, pas d’animation, pas de bruit de moteur, juste quelques vaches qui parfois s’éloignent de leur pré, de coqs et de chats à la queue en zig-zag, de geckos et d’oiseaux qui viennent rythmer les journées de leur chant. J’ai trouvé un bungalow à l’ouest de l’île, l’un des derniers de cette partie de sa côte minuscule,avec vue sur Gili Meno (la troisième et plus petite sœur des Gili Islands)… bien à l’écart de la rue où se trouvent la majorité des hébergements. Ma nouvelle maison en bois sur pilotis se trouve à 20 mètres de l’eau, le bungalow est rustique mais j’ai l’électricité et l’eau froide (saumâtre, tirée du sol) et surtout, surtout, un grand canapé en bambou sur la petite terrasse sur lequel je peux m’allonger des heures pour contempler la mer et me bercer au son des vaguelettes. Pour cette première soirée à Air (de l’indonésien Ayre qui veut dire « eau »), j’aurai eu droit à l’un des plus beaux coucher de soleil de ma vie.
amazing!!