Cela faisait 3 semaines que je voulais aller voir la messe du dimanche à l’église catholique de Las Galeras. Comme à mon habitude et bien que je sois agnostique, je ne manque jamais d’entrer dans une église où que je sois pour admirer ce que l’homme est capable de faire par croyance, que ce soit en terme artistique, architectural ou pour y observer son comportement. L’Eglise de Las Galeras se trouve à l’entrée de la partie « touristique » du village, elle est relativement grande, c’est un bâtiment assez simple et récent. En République Dominicaine le christianisme est
largement majoritaire, mais on l’on trouve néanmoins de nombreuses églises évangélistes, adventistes du septième jour, baptistes…. Certains rites sont également issus du vaudou comme cette messe noire à laquelle j’aurai pu participer le 21 décembre pour la Fiesta de los Palos si je ne l’avais pas appris le lendemain…
largement majoritaire, mais on l’on trouve néanmoins de nombreuses églises évangélistes, adventistes du septième jour, baptistes…. Certains rites sont également issus du vaudou comme cette messe noire à laquelle j’aurai pu participer le 21 décembre pour la Fiesta de los Palos si je ne l’avais pas appris le lendemain…
J’étais donc passée par l’église le premier dimanche de mon arrivée mais la messe de midi venait de se terminer et la sœur qui était là m’avait recommandé de venir plutôt le dimanche soir car la messe qui y commence à 17 heures est beaucoup plus suivie, que l’on y joue de la musique etc. Je suis donc arrivée vers 18h30 hier en me disant que j’arriverais vers la fin et que l' »ambiance » y serait à son comble. Il y a quelques années je suis allée à une messe évangéliste ici avec mon amie dominicaine et j’avais déjà une petite idée de ce que je risquais de voir, tout en sachant que ce serait probablement plus calme (lors de ces messes avec un prédicateur de nombreuses personnes terminent en pleurs, au sol, en transe…).
Lorsque je suis arrivée l’église était pratiquement vide, je me suis assise au dernier rang à droite pour ne pas trop me faire remarquer, j’espérais pouvoir prendre quelques photos comme me l’avait autorisé la sœur rencontrée quelques semaines auparavant. Les gens chantaient, un homme jouait de l’orgue électronique, les murs sont dépouillés, il n’y a pas beaucoup d’éléments de décoration et c’est juste à l’extrême opposé des églises baroques ou coloniales que j’ai pu voir il y a quelques semaines en Bolivie ou au Pérou…. Un homme installe des chaises en plastique supplémentaires au bout de chaque rang de bancs et je commence à comprendre pourquoi alors que l’église est pratiquement vide : les habitants arrivent peu à peu et l’église va probablement se remplir d' »endimanchés » comme on dit, car pour cette messe
les femmes ont mis une jolie blouse, un joli serre-tête en accord avec leur tenue, ont pris leur petit sac à main, les hommes ont mis une belle chemise, les plus jeunes sont plus informels.
les femmes ont mis une jolie blouse, un joli serre-tête en accord avec leur tenue, ont pris leur petit sac à main, les hommes ont mis une belle chemise, les plus jeunes sont plus informels.
Je reconnais plusieurs personnes du village, souvent les gens en passant la porte de l’église me voient assise, seule blanche, et me saluent courtoisement de leur beau sourire, une dame me donne même une petite tape sur la cuisse en passant d’un signe amical. Ici les gens se touchent, le contact physique est beaucoup plus banal que chez nous. Le niveau sonore du micro dans lequel le prêtre parle, tout comme les amplis qui diffusent la musique jouée par 3 hommes placés sur le côté est évidemment, comme partout ici, poussé au niveau maximum. Les murs vibrent presque, j’hésite à sortir mes bouchons…
L’église s’emplit donc petit à petit, les familles arrivent, mon regard se pose sur chaque petite fille que je vois entrer avec ses petites nattes aux perles colorées qui poussent sur leur tête, leur visage angélique et leurs petits yeux pétillants, leur bouche affichant un sourire blanc écarlate auquel je réponds avec autant de sincérité que je peux. Des dames âgées sont venues toutes seules, d’autres avec leurs petits-enfants, et s’agenouillent parfois au sol contre les bancs, dos à l’hôtel, la tête posée contre le dossier du banc. Puis les gens se lèvent pour chanter, et je mets en parallèle dans ma tête l’image d’une messe dite à voix basse, à peine compréhensible, dans une de nos vieilles églises église de France aux murs centenaires, à l’odeur d’encens, où les gens et le curé qui parlent à voix basse ont le visage fermé et ce ton dramatique et grave… et je souris.
Un homme est au clavier, l’autre à la batterie, un autre à la guitare électrique, une jeune fille joue du güiro, instrument qui ressemble à une râpe de métal. Un chien se balade dans l’église, des enfants mangent du pop-corn, les plus grands dansent en levant les bras. Tout cela dans un vacarme ahurissant donc.
Peu avant la fin de la messe, les gens se tournent vers la porte de l’église, deux jeunes hommes déguisés l’un en voleur et l’autre portant une sorte de soutane et un masque du film Scary Movie attendent à la porte… je me demande si c’est un braquage qui va avoir lieu, mais c’est « juste » une scène métaphorique où ces deux jeunes gens essayent de violenter et détourner la jeune fille qui marche avec foi vers le Seigneur qui l’attend lui aussi déguisé devant l’hotel.
La messe se termine par une énorme sorte de chenille (et bizarrement ils ont l’air beaucoup moins ridicules que chez nous lorsque à la fin d’un mariage populaire les invités se dandinent en marchant au rythme de la musique !) où enfants, jeunes, adultes, vieux ensembles chantent en cœur et dansent et levant les bras dans un grand signe d’appel « Ven » (« viens ») avec nous vers Dieu.
Je prends quelques photos discrètement et je réalise, comme me l’avait dit la sœur, que cela ne dérange absolument personne ; ici lorsque l’on demande à quelqu’un si on peut le photographier il le prend comme un compliment et pose avec sa meilleure volonté et son plus beau sourire. Cette messe était tellement pleine de joie, de simplicité, d’amour…
Hier, j’ai bien failli me convertir au christianisme.
« […] mon regard se pose sur chaque petite fille que je vois entrer avec ses petites nattes aux perles colorées qui poussent sur leur tête, leur visage angélique et leurs petits yeux pétillants, leur bouche affichant un sourire blanc écarlate auquel je réponds avec autant de sincérité que je peux. »
Un blog de voyage écrit avec tant de simplicité et d'éloquence, moi je dis : respect ! Encore un article qui donne envie de découvertes et de rencontres. Il faut définitivement que je trouve un moyen de reprendre la route !
Merci Oly :o)
sympa
Ouai je suis d'accord avec Erick elle écrit bien la petite, c'est brut de pomme on s'y croirait !
with your photographs and your words you paint lovely intimate moments we might not ever experience. and even if we will …. it's wonderful and unique through your eyes!!
xoxo t
Heureusement qu'on ne se convertit pas juste après avoir vu quelques péquins mettre un peu d'ambiance dans une église paumée dans les caraïbes ! ouf !
Titan