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VOUS CONNAISSEZ… « MACHIN » DUPONT ?

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Vous est-il déjà arrivé qu’un étranger vous demande, à la seule mention de votre lieu de provenance, si vous connaissiez untel (en général un prénom banal -et avec un peu de chance- associé à un nom de famille des plus communs), comme si Paris était un village de 150 habitants où tout le monde se connaîtrait ? Moi ça m’est arrivé plusieurs fois, et cela me fait toujours rire. Après tout, sur un gros coup de chance, qui sait, pourquoi pas ?!

 
L’autre jour au moment où je prenais la direction de mon hôtel après avoir marché toute la journée dans Hoi An, j’ai vu, au moment de regarder l’heure sur mon téléphone portable vietnamien, que j’avais reçu un texto. C’était Hélène -la française à qui j’avais proposé de partager une chambre d’hôtel 2 ou 3 jours auparavant- qui me disait qu’elle avait rendez-vous « au pont » à 19h30 pour dîner avec un suisse rencontré à Hué quelques jours auparavant, et elle me proposait de me joindre à eux.
 
Je regardais l’heure à nouveau ; 19h20, j’étais justement à deux pas du pont. 
Partagée entre l’envie de me payer un massage puis d’aller me coucher tôt et celle de rompre un peu la solitude qui était ma compagne de route depuis plusieurs jours, je décidais de me rendre au rendez-vous ; après tout Hoi An est tellement charmante lorsque le soir les rues du centre sont coupées à la circulation et que les lanternes en papier de riz sont allumées à chaque pas de porte, qu’il eût été dommage de ne pas accepter cette invitation cordiale. 
 
 
 
J’attendais au pied du pont de voir Hélène et son nouvel ami, lorsque j’aperçus un jeune homme d’une trentaine d’années qui visiblement attendait également une personne à quelques mètres de moi. En un éclair je me fis le pari qu’il s’agissait du « Suisse », mais doutant de mon intuition, je m’assis sur le rebord d’un arbre pour attendre encore. Après tout, le « Pont » était le lieu le plus indiqué de la ville pour se retrouver puisque j’avais moi-même eu rendez-vous à cet endroit deux jours auparavant. 
 
Au bout de quelques minutes, ne voyant pas Hélène arriver, je me suis dit qu’elle nous attendait peut-être au « Pont japonais » qui se trouvait à une cinquantaine de mètres de là.
Je profitais que le jeune homme tourne en rond dans ma direction pour m’adresser à lui. « Excuse-moi, mais… tu es suisse n’est-ce pas ? ». Regard interloqué du jeune homme. « Oui ? » me répond-il, « … et tu attends Hélène… ». 
Éclat de rire du jeune-homme qui à ce moment-là doit se demander si on lui fait une blague. « Mais comment sais-tu cela ? ». « Je suis voyante », lui réponds-je. 
 
C’est vrai quoi, vous imaginez comme j’aurais pu profiter de la situation et la tourner à mon profit? « Je vois que tu aimes voyager… que tu aimes le chocolat… et les jolies jeunes-femmes aussi (Hélène en est une !)… une rencontre prochaine va bouleverser ta vie… je vois un pont… je vois… je vois… l’Amoûûûûrrr »… »
 
Mais j’ai décidé d’arrêter la blague là. J’allais dîner avec eux et je n’aurais pas voulu qu’il prenne mon audace pour un grain de folie… alors que nous ne nous connaissions pas encore. « Je suis la personne qui partage la chambre d’hôtel avec Hélène et elle m’a envoyé un texto pour me proposer de dîner avec vous » lui répondis-je en souriant. Rire du jeune homme, on se présente et on cherche du regard Hélène qui apparaît au même moment, venant justement du Pont japonais où elle nous avait attendus. Le temps de les laisser se saluer et décider de la direction dans laquelle nous irions, je m’adresse à Patrick comme pour clore définitivement la question qui me taraude depuis l’instant où j’ai lu le mot « Suisse » sur le texto : « tu habites où en Suisse ? » demandais-je d’un air détaché. 
« A Lucerne me répond-il ». Je laisse échapper un « Ah ! » de surprise, « tu connais ? » me demande-t-il, « oui, j’ai passé plusieurs étés de mon enfance à Stansstad ! » il rigole. Il ne sait pas à quel point ces quatre étés passés chez une famille en Suisse ont marqué  mon enfance et ma vie quotidienne jusqu’à ce jour. 
 
Stansstad est juste un petit village où personne n’a de raison d’aller à moins d’y connaitre quelqu’un. D’ailleurs en général lorsque je pose la question à des suisses je mentionne d’abord Stans qui est la ville proche plus connue. « Tu étais où à Stansstad ? parce que je connais ! » me dit-il, et là je manque de couper court à la conversation, d’une part gênée parce qu’elle est en train d’accaparer toute notre attention, laissant Hélène un peu de côté, et d’autre part parce que je réalise que Stansstad n’était de toute façon déjà pas un petit village de 150 habitants à l’époque, qu’il a dû fortement croître en 30 ans et que cette conversation ressemble de plus en plus au cliché que j’ai mentionné plus haut, avec toute la naïveté et l’absurdité que cela comporte. « Laisse tomber, c’est impossible » et puis cela date d’il y a 30 ans, je n’ai plus jamais donné de nouvelles… Mais il insiste en me disant qu’il connait bien l’endroit. 
 
Pas convaincue pour un sou, et en même temps intriguée de voir si « ce qui pourrait arriver arrive » je fais un effort de mémoire pour situer la rue par rapport au lac comme il me le demande. Sur la table du restaurant je commence à dessiner du doigt un plan virtuel : bon alors ici c’est le lac, ici la grande rue avec l’église, et c’est là, tout au bout tout au bout (en gros après il n’y a plus rien, et encore moins de chances qu’il connaisse cette zone résidentielle). Dans mon esprit je parcours subitement la grande rue comme si j’y étais et je revois l’église, le jardin où, avec Nicole nous allions cueillir des herbes aromatiques et de la camomille… la grande rue où je poussais le landau et la poussette des deux fillettes qui venaient de naître à une année d’intervalle, en quelques instants je me suis télé-transportée et toutes les images défilent  en même temps que j’explique.
 
Mais oui je connais ! affirme-t-il. Dans mon esprit, ce que j’avais en tête depuis la première minute est en train de se concrétiser. Il me demande le nom cette famille. Encore une fois, comme pour ajouter du contraste à ce qui serait une énorme surprise, je lui dis « non mais laisse tomber, il est aussi commun que Dupont chez nous ». 
Justement, une de ses amies porte le patronyme que je n’ai même pas besoin d’épeler ; la succession de coïncidences ne laisse plus de place au doute.
Je lâche enfin les deux prénoms des sœurs qu’il pourrait connaître.
 
Vous devinez la suite.
 

3 réflexions sur “VOUS CONNAISSEZ… « MACHIN » DUPONT ?”

  1. Ma chère Armelle, je te raconterai la suite avec plaisir, si et lorsqu'elle aura eu lieu 😉
    Mais… c'est n'est pas l'issue qui compte, c'est le chemin… remember december 2011 ?

    Encore une anecdote qui ressemble à une fable, l'idée est de réfléchir sur le choix de nos actes et ce vers quoi ils peuvent nous mener ; qu'il ne faut pas être défaitiste et que ça vaut le coup d'essayer 😉

    C'est probablement la raison pour laquelle je suis aussi… persévérante…

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